L’altruisme est un égoïsme

Vignette Yt 2022

Greenwashing – selfwashing

Qu’est-ce qui fait qu’on fait ce qu’on fait ? C’est une question que j’aime bien me poser. Parfois je prends grand soin d’en dénouer l’intrigue, pour tenter d’éviter de découvrir trop tard des motivations que je n’assume pas. Pour ce projet de partenariat avec la Fondation Partage, le souci était bien présent. Si mon intérêt, c’est juste de me faire bien voir, je vais le payer tôt ou tard, d’une façon ou d’une autre. À l’heure du Greenwashing, il est difficile de ne pas s’interroger sur la motivation d’actions soit-disant altruistes. Et commencer à un niveau personnel ne me semble pas inutile.

J’ai donné le titre de “Selfwashing” à ce court métrage en pensant au fait de s’acheter une morale, un self propre, un soi altruiste, en faisant une bonne action destinée au fond à parader.

Motivation: égoïste ou altruiste ?

J’ai pris le temps d’identifier les sources de mon geste. Ces images n’étaient plus actuelles dans mon parcours photographique et je n’arrivais plus à les défendre, à en assumer la vente artistique. Or avec le manque de place pour les garder, elles finissaient par me peser et j’avais besoin de me soulager : je me sépare depuis quelques années de tout les objets qui participent à une sensation d’encombrement – et ces photos en faisaient partie.. J’en suis arrivé au point où c’était : soit je les jette, soit je les donne (mais à qui?). La petite douleur de repenser à tout ce que j’ai mis dans ces tirages me retenait et m’a fait imaginer une autre option, même si elle me demandait d’investir encore du temps et de l’argent : qu’elles servent à une bonne cause. Une banque alimentaire locale a tout de suite retenu mon attention : la Fondation Partage. En retour je n’aurais donc pas d’argent, juste un pécule pour me soutenir dans les démarches de communication autour du projet. J’ai voulu être aussi honnête que possible avec moi et j’ai énuméré les bénéfices égoïstes qui forcément seraient de la partie. En voici la liste – plus complète que dans mon court métrage documentaire :

  • La bonne conscience
  • La bonne image sociale
  • Le sentiment agréable de faire une bonne action
  • La satisfaction de voir ces images attirer un intérêt
  • Le soulagement qu’elles ne soient plus dans mes tiroirs
  • La place pour de nouveaux projets
  • La circulation de mon nom, de mon site, de mon travail par les relais de la Fondation Partage
  • Le plaisir de savoir que les images donnent du plaisir à d’autres
  • Un vague sentiment d’être utile à quelque chose de concret pour aider des personnes en difficulté

Altruisme ou égoïsme ?

Nos élans altruistes existent aussi, je ne le nie pas: l’énergie que j’éprouve en comprenant que je peux faire du bien à autrui en est un témoignage de chair. Mais il me semble illusoire et malhonnête de ne pas reconnaître que même cette sensation comporte une dimension égoïste. Ça n’enlève rien à la valeur morale de mon geste, par contre je trouve qu’on retire à l’altruisme son authenticité si on ne lui reconnaît pas cette complexité. (Penser: altruisme et égoïsme)

faire un don une bonne action: altruisme egoisme altruiste egoiste ?

Tous gagnants

L’enthousiasme, l’encouragement et le soutien de la communication chez Partage m’a immédiatement confirmé mon élan. Et oui, comme exprimé dans la vidéo, pour un projet qui voulait servir une banque alimentaire, je trouve joli que ce soit un jeu de mot avec un aliment, créé par une personne qui a acheté une des images qui vienne répondre à l’énigme de la façon la plus fondamentale et la plus poétique. Ça ne pouvait pas tomber mieux : l’oignon fait la force. Nous sommes tous gagnants au final : moi, vous qui achetez une image, la Fondation Partage et les bénéficiaires de ses services.

Question bonus

Petite note finale: l’égoïsme serait donc à éviter ? C’est pas bien d’être égoïste ? Et si cette sale image était une des sources du problème ?


Artiste polymorphe suisse

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