pourquoi la poésie si loin de moi

pourquoi la poésie

Poésie ?
Pourquoi je n’ai pas envie. Pas le courage. Ça me semble loin. Et puis à quoi bon ? (C’est très étrange parce que je viens de passer de nouveau 5 minutes à comparer 3 aspirateurs sur le web.)

pourquoi la poésie si loin de moi
ça me ferait du bien pourtant, une demi-heure, un texte, une rêverie.

Parfois j’ai l’impression qu’il est question d’une distance : si je laisse celle-ci se creuser, alors retrouver le précieux sillon est soit une affaire volontariste très difficile soit un bienheureux accident – et parfois ceci : une main tendue, à tout hasard. De loin, je vois du vent, des vanités poreuses, un moulin fort inutile qui tourne pour battre l’éther, rien de tangible, rien de valable. J’écris ceci peiné : c’est mon besoin de vent qui pleure. Ainsi, maintenant, presque un accès, un petit pont de bois. Je tourne mon regard vers le mur baigné de soleil. J’ai coincé mon corps dans la lucarne, et j’aimerais oublier. La poésie si lointaine, chaque jour saccagée par le règne des choses utiles, la toute-puissance du réel, ma sotte et nécessaire soumission. La lutte, c’est une lutte, la poésie. Une lutte pour prendre soin de cette mollesse au creux du ventre, au creux de l’âme (est-ce que j’ose encore ce mot?). J’aimerais que ça ne le soit pas. Que ce soit elle l’évidence, l’incontournable priorité. Pourquoi manger, s’habiller, se laver, travailler, réparer, ranger, organiser ? Pourquoi pas une immense feuille blanche à remplir de dessins pour toujours ? Je suis parfaitement immature, à ce point. Mais il me faut cette immaturité pour supporter tout le reste. Et la distance parfois se creuse, trop longtemps, trop efficacement, et je ne vois plus le chemin. Je n’en vois même plus l’intérêt, l’importance. Je me sens sec, si sec que même le mot poésie ne parvient plus à humecter mes lèvres, son souvenir ne sait plus me mettre l’eau à la bouche, je n’ai plus soif. Mais je crève de soif sans le savoir.

Et une fois dans le sillon, c’est d’en sortir qui est difficile. À quoi bon tout le reste ? À quoi bon le grand merdier fou de la vie vivante ?
Et aussi : et maintenant quoi ?
Et aussi : quelque chose en moi veut partager ce paragraphe. Avec différentes motivations. Il me donne de la valeur. Ça me donnerait de la valeur qu’on sache que j’ai écrit ça. Aussi pour partager, pour pas être seul. Mais où ? Plus aucun lieu ne fait sens.

Au moins quand je cherche un aspirateur, ça peut bien être compliqué de choisir, y a un moment où j’ai l’aspirateur et il fait ce qu’il a à faire. Je ne suis pas face à un gouffre sans fond de questions existentielles…

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Artiste polymorphe suisse

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