Proses poétiques et poèmes

Quelques poèmes et proses poétiques survenus récemment. | Mes livres


28 septembre 2024

L’infini de la toile rencontre l’infini d’expression. Ouragan, torrent, flux ininterrompu d’échanges possibles, sans fin, sans limite, sans distinction, sans corps. Magma torrentiel délirant sans frontières, sans bout, sans délimitation, sans forme. Deux trous noirs connectés qui s’avalent réciproquement. L’ancre – ce qui dans le corps donne corps, donne appui, donne refus – perdue de sensation, hors perception, sortie du radar. Je circule dans un huit infini entre les deux gueules béantes qui avalent et recrachent, se hurlent dessus.

23 septembre

Tu fais des films
La musique des yeux
Regard ouvert tout le temps
Ça ne s’arrête pas
Y a des lignes partout
Des couleurs au ventre
Couleuvres mentales
Faut pas logiquer paniquer
Rien de grave
Le débile enfante l’agave
Des jeux de sots
C’est tout on s’en balance
De ce qu’il en pense
Le grand balèze
Du haut de son trapèze
Occidental crotale
Va chier dans ta caisse
Nous on se la ramène pas
Bien je suis là
C’est pas la même histoire
Mais aussi dans la paume
Le style il peut prendre des poses
Pondre des psaumes
Moi aussi la rime gratuite facile
Je la donne au mur comme un miroir
Pour me bien voir abstrait et flou
Petit homme tout doux
Trop de son pour de bon
On laisse couler l’eau
Faut que ça me sorte du ciboulot
Que la balle au ventre
Elle tire son coup franc
Que je mette mes paillettes
Au bord des pages douillettes
À l’heure où je passe ma vie au placard
Maintenant dans l’heure j’ai rencard
Avec le feu qui s’éteint pas
Tandis que la terre se couvre
Ne coupe pas mes pas

10 septembre

Aux souterrains d’épaules
Demander la peur au barreau
Que se passe-t-il madame ?

Ces réveils sont tous les mêmes
Je ne peux décrire celui-ci, sans nausée de répétition
Quoi ? Vous redire encore une fois la même description ?

Mal ici
comme ça
Respire ainsi
Tendu là

Il y a dans la blessure une profonde bêtise, une terrifiante stupidité
Et mon rôle semble devoir se résumer
à l’infirmier patient et sage
qui tous les jours pose la même compresse au même endroit
apprenant dans ce geste l’humilité et la précaution
que toutes les manifestations de la vie demandent
pour être vaguement, incomplètement et délicatement comprises

poèmes et proses poétiques

27 septembre

Besoin de mettre une lancée de mots dans le vide, ça me tend les côtes à un point pas possible, envie d’enrager la feuille, de produire ce râle dans ma gorge sur les touches, sur la feuille, de balancer tout ce qui vient en deux minutes, je sens de la retenue, ou de la recherche qui voudrait chercher mais ne parvient pas à se lancer, chercher un objet, une piste, une proie vas-y vas-y vas-y c’est ça, j’ai besoin de ça, de lancer la purée, de pas réfléchir, pas retenir, pas me demander si ce mot est le bon ou si le prochain est mieux, oublie, parler parler parler

ça y est la pub Spotify au même moment bien sûr, chiotte, je coupe le son, je veux pas être coupé dans la diatribe, je sais pas où ça va, je dis rien, je m’en rends même bien compte, c’est comme si je me mettais à courir à fond les ballons avec plein de lianes autour de mes bras et de mes jambes et que je forçais la route jusqu’à sentir qu’elles tombent une à une et me foutent la paix. Je me dévide, me dénude, je crie, je cours, j’avance, je lance les bras en l’air, je saute, j’avance en tournant sur moi-même pour que ça tombe, je me délie des liens, des chaînes, de toute cette tension que je sens dans mes muscles là, allez fuck off, lâchez-moi, j’ai besoin de circuler, d’avancer, de faire, de produire, de m’amuser, de jouer, d’oser, de me ridiculiser et de pas mourir, merde merde merde, on y va, on s’en fout, faut juste se vider les tripes, se vider le ciboulot, arrêter de réfléchir, de contrôler

c’est la grande feuille blanche, trois pinceaux, vingt couleurs et que je plonge ces pinceaux dans les couleurs et que je te renverse tout, que je te balance ça sur la feuille sans ordre aucun, juste des pulsions organiques, le corps qui fait n’importe quoi, qui fait son truc, libre de mouvement, de faire, de bruit, de mouvement de corps

un grand vent qui tabasse tout, une course à la vie à plein volume, à pleine puissance, à pleine vitesse, droit dans le mur vide du silence et du ciel, sans danger en fait sinon de brasser de l’air, de ne rien dire, rien faire, rien articuler qui ait le moindre sens, et puis quoi bon, qu’est-ce qu’on s’en fout ? Est-ce que le gosse qui court dans les champs se pose la moindre question ? Il court parce qu’il a envie de courir, il crie parce qu’il a un cri dans la gorge, il rigole parce qu’il rigole avec le papillon et puis c’est tout, et puis le ciel immense, et puis l’herbe ça chatouille, et puis que je m’écroule de bonheur franchement c’est ça qui est bon.

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Artiste polymorphe suisse

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