Rapporter les échecs comme les réussites. Ne pas passer sous silence. Ne pas venir raconter que ce qui a été célébré. Célébrer aussi ce qui ne l’a pas été. J’ai participé au concours de courts-métrage du Printemps carougeois, mon film a été sélectionné pour la projection, mais ça s’est arrêté là. Je ne peux pas prétendre savoir pourquoi (affaire de subjectivités), mais je peux je crois identifier et reconnaître ce qui a participé au fait qu’il n’a pas retenu l’attention du jury. (Eléments dont les échanges avec mes proches m’ont confirmé l’impact).
Le recul, la mise en perspective au milieu des autres productions, la découverte de ratés : je trouve que ce film ne méritait pas d’être plus mis en avant. C’est ok pour moi, je trouve ça cohérent. Je ne dis pas qu’il était nul non plus, ni qu’il n’avait pas de valeur. Mais sa facture n’était pas aboutie comme je l’avais imaginée et plusieurs aspects m’ont semblé créer une distance entre son émission et sa réception :
Le son: mauvais
Le son. Je n’ai pas été le seul à être contrarié par le son très, très, étouffé de ma voix, perdue dans les basses, difficilement compréhensible. Par une transition de musique trop abrupte et maladroite pour ne pas apparaître et faire obstacle. Par le volume de l’ensemble des musiques trop en retrait. Autant de faiblesses qui coûtent cher quand on sait qu’un bon son sur de mauvaises images l’emporte toujours mais qu’une bande-son male éditée ruine les meilleurs plans. Bizarrement, j’avais plus travaillé cette dimension qu’à mon habitude et le résultat a été nettement moins bon. J’aurais dû faire plus de tests, vérifier davantage sur différents supports, mais je dois encore lever un bout de mystère.
La densité: trop grande
La densité : il y avait trop, trop de mots, trop de pensées, trop d’une parole quasi ininterrompue (et dont la monotonie était soulignée par le manque de clarté). J’ai voulu tout dire, tout laisser de mon texte, et la contrainte des trois minutes ne me permettait pas de le faire avec des respirations. Je n’ai pas eu la sagesse de retirer davantage, d’en faire moins. Quelque chose d’indigeste. Mélangé à l’étouffement sonore de ma voix, on pouvait facilement et rapidement décrocher de la poésie qui demande attention, intériorité, temporalité. Le texte, que pourtant je continue d’assumer comme il est, est comme passé à la trappe.
Trop d’images aussi, de plans superposés. Je me suis trouvé en face d’une overdose d’informations, demandant beaucoup d’attention (tendre l’oreille, capter la signification des métaphores, abandonner chaque apparition pour la suivante).
La mouche: pas ma faute
Cerise sur le gâteau qui n’était pas de mon cru : la mouche venue s’installer et se promener au beau milieu du projecteur, dessinant une grossière silhouette répugnante sur ces plans que j’avais mis des heures à monter avec minutie. J’en ai eu l’estomac retourné, les tripes nouées et le front brûlant jusqu’à la fin des projections. Elle est venue, pour moi, crotter sur la seule chose dont je pouvais rester satisfait : le travail esthétique sur ma récolte d’images.
Je continue d’apprendre.
Mettre l’échec sous les projecteurs.
Lui tirer le portrait. Aussi.
Nous ne sommes que rarement autre chose.
Regarder ici: tous les films projetés. Le mien débute à 16:06 (16 minutes). La version finale ci-dessous est celle que j’ai retravaillé par la suite:
Si tu es tenté, je serais ravi de t’accueillir là-bas ➡︎
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