J’ai arrêté de manger de la viande ?

Photographie Boris Dunand (www.borisdunand.ch)

J’AI ARRÊTÉ DE MANGER DE LA VIANDE

Ça fait un mois maintenant. Ce n’est pas la première fois, mais la plus longue. Je ne vais pas pour autant me loger dans la certitude que je n’y retournerai pas – d’ailleurs j’ai fait des écarts. Et je ne vais certainement pas non plus m’en parer pour prétendre à quelque pureté: si ce geste me semble moralement très justifié au vu de l’état actuel des choses, il ne m’épargne pas de quantité d’autres dérives qui lui sont semblables.

j'ai arrêté de manger de la viande - complexité

Je n’ai plus acheté de viande. En fait, pour être précis: je n’arrive plus à acheter de viande. Le malaise qui m’avait déjà habité à différentes reprises mais de façon passagère ne m’a pas quitté depuis un mois. Depuis toujours je n’achetais que des charcuteries (pour des motifs financiers), ces dernières années j’essayais déjà de privilégier les emballages bio (tout en étant absolument dépité et consterné du paradoxe en constatant qu’on y retrouvait systématiquement du E252 (nitrite de sodium) – dont les effets toxiques semblent avérés).

Je n’en ai donc pas acheté depuis un mois, mais j’en ai mangé deux fois: invité à un repas, une tranche (deux?) de viande séchée dont le goût m’a tenté. Et dans le Sud cette semaine, après une journée de travail de 12 heures où j’avais besoin de transgresser quelque chose, n’importe quoi, et ce besoin s’est jeté sur les charcuteries à portée de main.

LE MALAISE – LA MORALE – L’ÉVIDENCE

Mais en magasin, je suis écœuré de voir la quantité, d’imaginer le nombre, la somme colossale, une sorte de folie déjà visible dans une seule grande surface (tous produits confondus d’ailleurs). Les images cumulées à force de reportages visionnés montent à mon esprit presque aussitôt. J’avais déjà ressenti cela, mais l’évocation finissait par disparaître après quelques jours – et c’est ce qui arrivera peut-être de nouveau.

Je ne suis pas contre la viande, je n’ai aucun intérêt à entrer dans les débats concernant notre « nature » digestive, rien ne m’a jamais convaincu dans les postures revendiquées.

Il me semble qu’en faisant attention, je peux m’en passer – encore que je ne maîtrise pas les habitudes singulières de mon appareil digestif. Et m’en passer me permet de respecter ce malaise.

Par contre, je suis souvent gêné devant ce qui semble servir de passe-droit à la posture morale: ne pas manger de viande ne fait pas de moi une bonne personne (de même qu’en manger ne faisait et ne fera pas de moi un monstre). Et ça ne me rend pas soudainement aveugle à chacun de mes rituels quotidien où se loge l’injustice, la violence, la mort, la souffrance. Comment se dédouaner si facilement de toutes les répercussions néfastes que répercute ma vie d’occidental sur des gens qui réellement vivent à cet instant et suent leur sang sur des objets que j’utilise, que nous utilisons tous? Par exemple. Je devine le besoin de pouvoir se dire qu’on ne participe pas à l’horreur, c’est insupportable d’avoir conscience des conséquences de cette disparité des chances, insupportable. Mais je préfère en porter le poids, en sentir la morsure, que de me raconter des histoires.

À force d’informations cumulées, il me semble judicieux de limiter au maximum ma consommation de ces viandes liées à la production de masse. Tout comme je fais attention à l’eau qui coule du robinet, à l’extinction des appareils électroniques, etc. C’est une histoire de lien à tout ce qui fait la vie, dit rapidement.

J’écris cela davantage pour montrer qu’il est possible d’avoir ce comportement éthique sans qu’il ne soit guidé par des principes et des règles et des revendications, ni sans qu’il devienne une sorte de fanion de sainte blancheur.

UN GESTE SIMPLE (?)

Il est simple ce geste (objectivement parlant je veux dire, il n’est pas simple subjectivement pour tout un tas de bonnes raisons), c’est son avantage. Ne pas acheter. Ne pas acheter quelque chose qui n’est pas nécessaire – et dont je n’ai pas le goût prononcé. Ne pas acheter le produit d’une industrie déraisonnable, violente, aveugle, délétère pour l’équilibre entier de la planète Terre. Tout le monde ne le fera pas, je peux le faire, tant mieux. C’est une de mes gouttes dans l’océan. Ni plus ni moins.


Étant donné qu’il est question ici de notre lien de conscience entre nous et le reste de ce qui nous entoure, je vous livre ma « chanson verte » comme je l’appelle: The link – j’y parle d’un lien oublié, négligé, perdu, évanoui, pour des raisons complexes que la formule « cette société » ne suffit malheureusement pas à cerner – à mon avis.

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Artiste polymorphe suisse

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