Comment je choisis ce que je mets en ligne

Photographie Boris Dunand Www.borisdunand.ch

PARTAGER LE BANAL

Il y a cette chose que j’aime bien, qui me semble former une invitation à honorer. Je m’évertue depuis peu à être moins délicat sur ce que je partage dans les réseaux sociaux : quoi, comment et quand, j’oublie ces critères. Il y a eu cette légèreté ressentie récemment, qui a comme donné légitimité à ces élans aux yeux de mes exigences et de leurs jugements – leurs yeux fats et complaisants laissent faire. Cette légèreté forme aussi une assise intérieure pour oser, un lieu que je souhaite nourrir. Alors j’essaye de continuer, d’entretenir, et je partage sans trop trier, sans facéties, sans laisser le doute ou la censure opérer leurs malins commerces. Cette chose que j’aime bien, c’est de me voir faire l’expérience de prendre ce qui est à l’intérieur de moi et de le mettre dehors, tel quel, de prendre l’anodin et de le rendre visible. Et de faire de même avec la prose de mes gestes, c’est-à-dire ce que je suis simplement en train de faire, de regarder, d’écouter, de voir, et même si cela me semble sans intérêt, sans distinction, sans extraordinarité, je m’en saisis et le dépose aux yeux de celles et ceux qui sont là.

PENSER À MONTRER

C’est un mouvement qui va à l’envers de ma réserve et de mes timidités (que l’on confond souvent avec l’introversion dont je suis aussi fait, mais qui n’implique ni la réserve ni la timidité). Je pense à toutes ces fois où j’ai entendu quelqu’un dire quelque chose que j’étais en train de penser, suscitant l’intérêt et le partage, alors qu’en moi, la pensée même, l’idée seule de prendre cet élément et de le mettre en mot n’existait pas. J’aime l’idée de jouer avec cette réserve et cette pudeur, de leur donner d’amicaux coups d’épaule, pour voir comment ça fait. Il y a des surprises plutôt agréables.

PEUR DE MONTRER

Et puis, je sais, d’expérience multiple, que malgré ma conviction de connaître la qualité ou l’absence de qualité de ce que je produis, ceci est très rarement relié à ce que l’autre va éprouver en rencontrant la pièce proposée. Il m’apparaît qu’il y a peut-être toujours et seulement un effroi, à ne pas vouloir montrer. Et l’effroi n’est pas rien, si je peux aujourd’hui m’amuser un peu avec ces zones et prendre des risques, ça ne veut pas dire que j’aurais pu avant, non, la subjectivité blessée, meurtrie, effrayée, à vif, n’est pas différente qu’une peau sensible, qu’un membre brisé. On ne fait pas ce qu’on veut quand on le veut. Ça devient possible, éventuellement.


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Artiste polymorphe suisse

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