L’infini des possibles #1
Sectionner le réel. Trancher dedans. Plonger au milieu d’une fracture. Annuler tout le reste. Mettre les oeillères de l’écrivant. Médecine d’une intime sagesse. Faire usage de l’écriture pour ne presque plus rien savoir. Être la goutte au bout de la plume, et rien d’autre. Petit filet bleu, petite touche de frappe. L’instant de la lettre. Éteindre tous les écrans. Je ne parle pas de celui qui m’éclaire le visage. J’ai le même dedans, démultiplié en miroirs qui se regardent. Affichage de l’infini des possibles. Désirs, devoirs, envies, rêves. Allumés tous en même temps. Surchauffe des circuits, tournis mental, épuisement de chair. Au moins, là, au bout du stylo, au bout du doigt, au bout du diamant qui tourne dans le sillon de l’instant, il n’y a de place que pour ce qui peut s’y trouver. Et ça chante, ça pulse sous la pulpe, au bout de l’os. Danser là, sur la pointe du mot, à l’extrémité du geste. Ne plus vouloir rien d’autre, enfin.
