J’ai désactivé mes comptes
J’ai perdu mon temps sur les réseaux sociaux. Dans cet article je partage mes impressions après avoir désactivé mes comptes sur les différentes plateformes. Je viens de mettre en pause mes profils sur Instagram, Facebook, Linkedin, Mastodon (impossible de désactiver, alors juste rendu le plus privé possible), Tumblr (déconnecté seulement pour les mêmes raison que Mastodon) et Bluesky. (Je ne poste plus rien sur Twitter depuis le rachat en X, et je l’utilise depuis seulement pour obtenir des infos très précises sur des sujets qui m’intéressent.)
Il ne me reste rien
Je regrette d’avoir passé autant de temps sur les réseaux sociaux. D’avoir autant investi de temps, d’argent (promotion de posts), d’attention, d’espoirs. J’en sors et il me reste quoi ? Ça fait d’ailleurs partie de ma difficulté à en sortir, ce sentiment de vide quasi total. J’ai passé des heures à faire des gammes sur ma guitare, à apprendre des choses théoriques sur l’harmonie, à m’exercer pour mieux jouer, et aujourd’hui je ne joue quasiment plus. Mais si je prends une guitare, je peux jouer, il me reste directement disponible une immense quantité de capacités dont je peux profiter pour me faire plaisir, seul ou avec des gens. Et si je me remets au travail, je récupérerai sans doute 80 à 90 % de mes capacités en quelques semaines, quelques mois. Alors quitter ces réseaux sociaux avec l’impression de n’avoir rien acquis est terrifiant, au point de rendre la décision difficile.
A quoi ça m’a servi ?
Que me reste-t-il de mes tentatives d’avoir plus d’abonné-es, plus de succès, d’obtenir plus d’attention, de toutes les stratégies apprises et expérimentées, de toutes les tentatives pour rendre mon profil plus attractif ? A quoi cela m’a-t-il servi ? Et ces quelques rencontres avec quelques regards d’ailleurs, en dix ans de présence, sur les doigts de la main, me viennent quelques noms dont j’aimerais potentiellement garder le contact – et encore, notre lien tient sur la plateforme. Rien qui ne soit assez fort pour réellement investir au-delà. J’ai une seule personne en tête, dont je n’ai plus le nom déjà là, le photographe français, paris, lyon, très beau travail, simple, qui connaît l’autre type qui fait du noir et blanc et du piano improvisé et des vidéos. C’est effrayant. Effrayant de me souvenir de moi devant mon téléphone sur Instagram. Je me souhaite, très sincèrement, de ne jamais y retourner. Je sais que je ne manquerai rien qui réponde à un vrai besoin. Je peux ne jamais retourner sur Instagram et être sûr de ne jamais rien louper d’essentiel. Et il y a plein de choses que je fais qui ne sont pas essentielles, mais elles ne me bouffent pas mon attention, elles ne me captent pas, elles ne sont pas faites pour m’hypnotiser et me garder captif de contenus formatés pour que je ne fasse surtout rien d’autre que de les regarder. Ça me terrifie quand j’y pense.
J’ai découvert des photographes, des artistes ? Lesquels ? Les grands je les connaissais pour la plupart déjà par les livres, la bibliothèque.
Les bénéfices
J’ai fait des rencontres ? Ça oui, quelques unes. Camille, avec laquelle j’ai travaillé. J’ai participé et gagné à un concours de la Ville de Genève. J’ai eu mes tous premiers mandats professionnels en commentant le profil de « je sais plus comment ils s’appellent ». Ce n’est pas le néant absolu. Mais je me vois, chez moi, et pendant les vacances, à regarder les profils qui fonctionnent, à tenter de comprendre, à vouloir reproduire, à regarder des vidéos à la pelle de stratégies à mettre en place, sur les trucs, astuces, how to, tutoriels, etc., à aller commenter en espérant obtenir quelque chose en retour, à follower-unfollower, à trouver injuste le succès de certains, à utiliser des apps tierces pour faire monter mon nombre d’abonné-es en espérant inspirer de la confiance et de l’attention, pour finalement devoir supprimer des milliers de faux profils un à un. J’ai perdu des heures et des heures à bosser sur ce truc. Et j’en ai perdu d’autres à bosser sur d’autres choses, dont il ne me reste pas forcément grand-chose de palpable non plus. Mes études en sont un exemple quand j’y pense. Mais j’ai un master, ça m’a ouvert des portes, ça m’a donné un statut, ça impacte directement mon salaire et donc toute ma vie, j’ai rencontré des centaines de personnes, j’ai appris à faire des liens, à réfléchir, j’ai acquis des outils qui me servent sur tous les pans de ma vie. Même quand j’apprends des choses techniques en photographie, mon regard change, ma façon de regarder les œuvres changent. Quand j’apprends pendant quelques heures à dessiner, je ne vois plus du tout les dessins de la même manière. Des réseaux sociaux, ah oui, peut-être ça : l’expérience faite de leur dangerosité, de leur vacuité, de leur perversité. Il n’y a pas presque que ça. Il y a des gens qui font beaucoup de rencontres, beaucoup d’argent, qui communiquent réellement. Moi, mon usage, mon attente, résultat : zéro.
Quitter pour de bon ?
J’espère que cette retraite, qui n’est pas la première, est la bonne. Et que plus jamais je n’y retourne, à moins d’avoir un tout autre projet, dont le motif m’assure d’en ressortir grandit et de pouvoir m’arrêter un jour en me disant : c’était chouette, j’ai appris plein de choses, j’ai rencontré plein de gens, j’ai eu accès à des expériences de vie inédites. C’est très très loin d’être le cas aujourd’hui.
Je garde ma chaîne YouTube, mon compte Patreon et mon site web comme seuls lieux d’échanges pour l’instant. Si quelque chose de plus immédiat me manque, je rouvrirai Bluesky ou Mastodon qui me semblent moins pernicieux, et sur lesquels je pourrais avoir le sentiment de repartir de zéro, sur des bases saines.
Si ce partage personnel te fait du bien, je serais ravi de l’entendre, laisse un commentaire ! 🙂
