Avantage et désavantages de choisir une discipline artistique

Avantage desavantage choisir discipline artistique

Chaos créatif. Les autres ont l’air de savoir, de connaître leur terrain de jeux. D’avoir pu élire une prédilection. (Evidemment, je me méfie de cette perception, mais elle me parle de ce que je ressens.)

Et je sens combien la facilité émerge quand je m’applique à un seul objet longtemps. Il se passe quelque chose. Une aisance, un confort, un savoir-faire, un sentiment de maîtrise. Une batterie d’habitudes qui aident énormément, donnent à l’attention un vaste espace pour explorer sans buter contre des obstacles. Une forme de dextérité.

Tu baignes dans ton jus, et tout est si familier, si instinctif, si fluide. Les outils ne sont plus des outils, ce sont des extensions de ton corps. Tu les commandes comme tu bouges tes doigts, sans réfléchir, sans intervenir.

J’ai ce fantasme : une crise ultime, au fond de laquelle il ne me reste qu’une seule chose, qui s’imposerait comme un soleil. Et je la chevauche pour remonter la pente, libéré de toutes les aspirations, tentations et démons qui m’attirent en tout sens, me donnant chacune et chacun quelque chose de particulier, que j’aime, et qui simultanément m’empêchent aussi de pouvoir atteindre cette extase que j’ai connue parfois.

Une aisance. Un jeu. Une gaie maîtrise. À ma façon de jouer de mes instruments, je débute en tout, tout le temps. Et ça me fatigue. Et ça me prive d’une assise. D’une place.

Ne plus avoir la force ni le désir est anticipé comme douleur et soulagement.
Le soulagement semble évident au vu de ce que je décris ci-dessus.
La douleur serait le manque et la perte d’activités que j’ai du plaisir à entretenir.
Par ailleurs, une autre évidence: chaque discipline enrichit les autres.

Pour moi, ce ne sera jamais une décision: mes désirs pour chaque pratique sont trop forts, chaque discipline me permet d’exprimer, de ressentir et de partager des choses d’une façon tout à fait singulière et irremplaçable. Par exemple, l’émotion que je peux éprouver en chantant n’a rien à voir avec l’extase introspective d’une écriture inspirée.

Mais je crois que je peux être attentif à mon manque, et sentir comment lui répondre. Je ne serais pas étonné de découvrir qu’il m’amène assez spontanément à, momentanément, approfondir plus intensément un projet, et m’aide à prendre le risque de ranger les autres dans un tiroir, pas définitivement, juste le temps de le murir et de pouvoir jouir pleinement du plaisir de créer avec une certaine facilité.

J’aime plein de choses que l’on oppose si souvent. Les montagnes et les vagues, la nature sauvage et New York, la littérature et les sports de jeu, la solitude et les rencontres… En photographie: l’argentique et le numérique, la couleur et le noir et blanc, le portrait et le paysage, l’abstrait et les panoramiques et le carré, le moyen format et le 35mm. Et puis ces passions pour la guitare et l’électro et le piano et le chant, le dessin, les animaux, l’art… Tout sauf un monomaniaque. A 50 ans, il devient difficile de lutter contre ce penchant qui s’est imposé et a façonné ma vie créative.

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Artiste polymorphe suisse

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