Walter Tevis « L’oiseau d’Amérique » | Chronique

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Une géniale dystopie

Quelle fresque dystopique ! Je ne m’attendais pas à être pareillement saisi. Trois personnages, une année temporelle (une jaune ?), deux lieux, un voyage, et un monde à la fois parfaitement étranger et étrangement familier. Avec « L’oiseau d’Amérique », le Walter Tevis 1980 nous parle encore en 2020.

Le procédé

Comment décrire les absurdités de notre civilisation technique en ne faisant rien d’autre que d’en décrire les dérives imaginaires avec les yeux de la découverte, de la naïveté incrédule et surprise, de l’effroi et du désarroi. S’il fallait un livre pour en exemplifier la possibilité, il est là.

Walter Tevis l'oiseau d'amerique

J’ai eu le sentiment de découvrir l’ampleur des désastres à mesure que les protagonistes décrivaient leurs impressions. L’histoire amène dans son écoulement les facettes chaque fois nécessaire à la compréhension de plus en plus élargie de ce qui a lieu et des processus qui ont mené là. Une sorte de description événementielle, non descriptive, dérivant avec subtilité de l’expérience des trois personnages.

Ce qu’on a perdu

L’écriture, la lecture, les enfants, les interactions : serait-ce là les fondamentaux de nos libertés, de nos consciences déployées ? Confondues certainement : la possibilité de vivre et de souffrir. L’étrange poésie des robots, l’effrayante mécanisation des êtres, deux entités reliés par une absence, un pont détruit invisible, une amputation. Nécessaire à l’équilibre de l’intimité, de la vie privée, de la non-intrusion. Les pilules parfaites et la nourriture synthétique comblent les trous.

Quelle candeur ?

Je n’arrivais par moments plus à savoir si c’était l’écriture et son procédé qui étaient naïfs, trop simplement cordelés, maladroits, ou s’il fallait cette candeur pour refléter la pureté de ce qui a été perdu, éliminé, effacé de la carte. La technique, la religion, le lien social, les émotions, la souffrance et la joie, l’ambivalence et le paradoxe des impressions poétiques et de l’amour, le sens d’une existence et de l’existence humaine : ce sont ces essentiels qui sont questionnés, ces questions qui sont soulevées, soulignées, dessinées.

Tout ce qui m’a plut

L’écriture simple et sensible, parcourues de notes poétiques qui reviennent comme des refrains, de lointains souvenirs, le rythme agréable des situations, les changements d’atmosphère revigorants, les pointes d’humour, les traits d’esprit cinglants, la mise en abyme terriblement efficace des convictions trop certaines d’elles-mêmes, les points de vue qui alternent régulièrement d’un personnage à l’autre, la confrontation des cultures disjointes, tout a parfaitement entretenu mon intérêt, ma curiosité, suscité mon attachement aux caractères. J’ai adoré lire ce livre.


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Artiste polymorphe suisse

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