Sommeil impossible

je ne peux plus dormir

Je ne peux plus dormir

Cette nuit, j’ai mis le doigt sur le pivot même de la présence ou de l’absence de mes symptômes. Un des moteurs en tout cas, et le principal de cette année manifestement. Je viens de passer une (deux peut-être) semaines tranquilles. À dormir presque normalement. Je dirai que j’ai alors 80 à 90 % de mon sommeil. Les symptômes sont là, ils me dérangent un peu une fois dans la nuit, et me réveillent au matin, mais ce n’est ni plus, ni systématique. Et là, tout d’un coup, il me reste 20 ou 30 % de mon sommeil (c’est mon sentiment, encore que cette nuit je pourrais monter à 40…).

Je crois que je l’ai vu venir. 
Ça reste difficile à décrire, à identifier clairement. J’essaye.
 

Ressentis en phase de bon sommeil

Ces deux dernières semaines : j’ai comme abandonné la partie un peu, je ne cherche rien au-delà de ce que je dois faire. J’ai bien des élans à tout d’un coup enrichir mon site professionnel, modifier le nom de ma page Facebook (ce qui a demandé de parlementer plusieurs fois avec Facebook), créer une carte postale – et je le fais, mais ce sont des percées. Le reste du temps, je ne sais pas trop où je suis, et il y a une conscience un peu méta qui me dit : “mec, tu vas pas pouvoir continuer comme ça, si t’es aussi cool et si tu fais aussi peu de démarches, c’est parce que t’oublies tous les risques”. Mais je ne peux m’empêcher de faire comme ça. C’est là que je suis, c’est ça qui a lieu.

Ce qui provoque le changement

Et puis ça bascule. Hier, après avoir regardé deux créateurs de contenu new yorkais (le skateur John Hill et Brett Conti) dire que c’est facile aujourd’hui pour eux de lever des fonds grâce à leur notoriété sur les plateformes, que c’est une ère bizarre où les créatifs peuvent vraiment facilement se faire beaucoup d’argent (en risquant parfois de vendre un peu son âme, mais pas forcément), et aussi l’échange de Chase Jarvis avec Rand Fishkin, qui ont comme rallumé la flamme.

Ressentis en phase de mauvais sommeil

Et c’est cette flamme que je peine à décrire parfaitement, mais c’est elle qui ruine mes nuits. Pourtant, c’est aussi elle qui me met en mouvement pour relever le défi de vivre de ce que j’aime faire. Tout d’un coup, je crois que c’est possible, et alors – et c’est là il me semble que se joue la subtilité de la perversion de mon élan : je me mets à chercher, comme hors de moi, même si je cherche aussi dedans des choses qui échapperaient pour l’instant à ma conscience (qui est un hors soi), mais aussi à l’extérieur, des repères, des repères qui me diraient : c’est ça que tu dois faire, c’est comme ça que tu dois t’y prendre… Et rien, je ne vois rien, je me sens obsessionnellement rassemblé autour de ce vertige et en même temps complètement dépossédé. Et tout mon corps devient un arc douloureux qui ne peut plus dormir. Jusqu’à ce que, épuisé par une, deux, trois semaines de privation de sommeil, la corde lâche, et je me retrouve à nouveau dans un autre no man’s land, mais plus tranquille lui.

Les différents sommeils actuels

Les repères qui aident sont ceux du dedans, sensibles et mouvants, ressentis et actuels. D’être ainsi happé par là où se porte mon attention m’empêche peut-être de sentir, m’évite peut-être, ou va trop vite. Ce qui est sûr, c’est que mon expérience actuelle ressemble à ce que je viens de décrire, et que je puisse le décrire aussi clairement est nouveau. Tenter déjà de faire de la place à ça. Les repères, pour l’instant, c’est ça, précisément ça. Sentir l’absence de repères, c’est déjà un repère. Tenter de sentir mieux encore cette urgence qui me déploie tout en m’immobilisant, juste rester avec.

Artiste polymorphe suisse

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