Pourquoi je fais de la photographie

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DÉMARCHE

Je prends des photos comme on écrit un poème: pour témoigner de l’indicible merveilleux. Je photographie comme j’écris: pour essayer de faire honneur à ce qu’il y a de sacré dans le seul fait d’être, de sentir et de pouvoir en manifester quelque chose. Mais avant tout, je fais de la photographie parce que j’aime ça, très simplement. Je fais de la photographie depuis que je suis enfant, j’ai eu des appareils photo dans les mains dès mon plus jeune âge.

Aléatoirement compagnie d’attente ou urgence sensible, occupation récréative ou quête identitaire, mes photographies résultent d’une inspiration polymorphe. Il est difficile de dire simplement ce qui vient du dedans et ce qui arrive du dehors. Au centre, toujours: le désir de l’image et un état de disponibilité, d’attention. La qualité esthétique organise mon regard. Le besoin d’imprimer une beauté perçue réagit aux menaces de l’oubli. Les états de sidération face aux paysages grandioses sont rassemblés, contenus. Il y a ce que mon œil semble fabriquer tout seul, coupant dans le paysage, cadrant la scène avant que l’appareil photographique ne soit présent. Une humeur, une personne, un temps mort peuvent susciter mon désir. Promenades, voyages, pauses sont des temps privilégiés pour me rendre disponible. La solitude et l’empreinte poétique de ce qui m’environne font un moule idéal pour cueillir ces traces silencieuses. J’espère témoigner d’un regard fasciné, émerveillé, troublé.

Je prends les images qui me saisissent. L’équilibre de la composition est sans doute l’une de mes principales préoccupations. C’est d’ailleurs elle qui s’annonce en premier, intuitivement: je vois souvent l’image avant de la prendre, de la cadrer. La force esthétique d’un assemblage de lignes, de formes, de couleurs s’impose à ma perception et me donne envie d’en saisir l’essence. Le geste photographique est rapide, instinctif, immédiat: la structure se donne d’emblée. Cette légèreté d’action accompagne des sentiments d’une grande profondeur face à l’impact de l’image. Il y a quelque chose du saisissement existentiel, du tremblement intérieur, au minimum de la vibration poétique au sein de chaque photographie gardée, choisie.

Mon exigence se pose sur le détail qui ponctue l’harmonie et sur l’équilibre de l’ensemble. Elle vient aussi questionner sans cesse l’étrange nature de ce geste (davantage encore devant la profusion illimitée des images), tout en reconnaissant son impérieuse nécessité: l’acte créatif me donne une assise, un lieu où être. Interrogations ouvertes et réponses qui ne cherchent pas à trancher: cette ambivalence fondamentale entre la futilité et la gravité me semble comprise en toutes choses.

Très attiré depuis toujours par le format carré, l’arrivée des smartphones et de l’application instagram a été une occasion réjouissante de m’y adonner enfin. J’ai par la suite fait l’acquisition d’un Fuji XE-1 qui propose également ce format à la prise de vue, tout en étendant les possibilités et en restant un appareil léger, discret, simple. Si je ne retouche quasiment jamais au cadrage source, je peux chercher très longtemps le rendu final qui me donne satisfaction (teintes, contrastes, couleurs, etc.). Depuis fin 2014, j’essaye de me dégager de mes habitudes, en tentant des déformations à la prise de vue. C’est comme un lieu d’exploration que je viens d’ouvrir, en parallèle des prises plus immédiates.

L’image terminée s’annonce par une sensation vague, diffuse et nette à la fois, de contentement.

Juillet 2015


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