« Le violon du peintre » / Albert Gos

2012-10-25 10.32.33

A l’occasion du 160ème anniversaire de la naissance d’Albert Gos, l’AIC (Association des Intérêts de Champel) organise, en collaboration avec Art Club, un concert-spectacle intitulé « le violon du peintre » le samedi 1er décembre à l’Aula de l’Ecole Le-Corbusier* à 19h30.

Ça ne sera pas la première fois que dans une affaire de créativité, le hasard produit de jolies surprises. J’imagine la scène: musardant dans les brocantes bernoises, Michel Nikita Pfister tombe nez à nez avec un document inespéré: des partitions originales, signées Albert Gos. Le musicothérapeute sensible aux mélodies traditionnelles a soudainement les tympans qui sifflent: il devine toucher du doigt une pièce précieuse. Car le peintre ayant tutoyé les pinceaux de Ferdinand Hodler, d’Alexandre Calame et de Barthélemy Menn, maniait aussi l’archet en virtuose du conservatoire de Genève; et en matière de musique traditionnelle, Albert Gos s’avère incontournable. Le peintre, personnage haut en couleurs, cultivait son amour des sommets et des villages reclus en s’y promenant aussi souvent que possible, et dès qu’une mélodie folklorique frôlait ses oreilles, celle-ci était retranscrite dans les pages d’un carnet aux côtés d’annotations personnelles et de dessins. Il sauva ainsi nombre d’airs qui n’avaient pour support que la mémoire des générations, et contribua d’ailleurs richement au patrimoine en y insufflant ses compositions personnelles. L’ouvrage sera édité en 1942, l’année de sa mort, sous le titre de « Souvenirs d’un peintre de montagne ». Ces chemins croisés menèrent à la célébration d’un artiste que d’aucuns souhaiteraient vivement garder à la lumière des sommets qu’il a côtoyés: ceux des montagnes tout comme ceux de grandes institutions internationales où il reçut prix et médailles.

Depuis deux ans déjà, Nikita Pfister et son ensemble Filigrane de Lausanne (violon, harpe celtique, flûte, contrebasse, accordéon diatonique) présentent « le violon du peintre », sans avoir encore pu s’introduire dans la citadelle genevoise. C’est chose faite grâce à Pernette Rickli-Gos etP.-Daniel Gos, petite-fille et petit-fils du peintre, qui ont joué les intermédiaires entre l’AIC (avec l’initiative de Madame Elyane Eigenheer), et Monsieur Pfister. La famille Gos a toujours habité Champel, et la ville y a dédié une rue au pittoresque aïeul (lire « Les rues de Champel » par Christian Vellas!). Il y avait créé le « Club des Heureux » pour les enfants défavorisés du voisinage, lesquels pouvaient profiter d’un lieu où la musique, la connaissance de la nature et de savoureux goûters leur prodiguait quelque chaleur humaine.

Pendant un peu plus d’une heure, un florilège de photographies et de peintures projetées sur écran dansent en rythme avec les instruments, scandées par la voix-off du comédien Jean-Pierre Gos qui donne aux mots de son grand-père une touchante résonance. Une belle occasion de célébrer et faire connaître un grand monsieur dont l’aura émanait bien au-delà de son quartier.

Signé: Boris Dunand / pour le journal Nouvelles de quartier

Artiste polymorphe suisse